Les nouveaux usages de la partition numérique

La partition que nous avons connue jusqu’à aujourd’hui, est née au cours du VIIIe siècle.

Depuis cette date, elle n’a cessé d’évoluer, au gré des avancées théoriques, mais son usage a lui, relativement peu changé.

Au fil des âges, outre le fait d’être jouée, elle a également été lue et étudiée, recopiée, annotée et gommée, souvent cornée dans les coins afin d’en faciliter le tournement de page, pliée et maintes fois rangée à la hâte dans un cartable, pour qu’enfin ses pages éparpillées par le temps soient reléguées au rang d’élément décoratif, voire utilisées comme allume-feu.

Une belle fin…

La partition numérique peut se vanter de pouvoir être :

Composée ou modifiée

Ce n’est pas à proprement parler un nouvel usage. La composition est depuis longtemps le domaine des logiciels d’édition, comme Sibelius , Finale ou MuseScore.

Ces logiciels permettent d’écrire la partition d’une œuvre de A à Z, soit à partir d’une saisie depuis un instrument MIDI, soit directement depuis le clavier, ou enfin d’une tablette tactile.

Les possibilités d’édition sont innombrables, principalement à l’aide de palettes graphiques adaptées aux symboles musicaux.

paletteFinale

La palette de symboles de Finale

Affichée de différentes manières

Pas de limite à l’affichage des partitions. Non seulement vis à vis de la taille du support (encore que les formats iPhone sont difficilement exploitables), mais également vis à vis de la qualité graphique du fond de page ou des notes et autres symboles eux-mêmes. MusicXML est en train de s’accompagner d’une nouvelle technologie SMuFL qui devrait nous permettre de faire afficher dans un avenir relativement proche une même partition avec la fonte de notre choix, de la plus classique afin de ressembler comme une sœur à la meilleure partition Urtext, au style beaucoup plus décontracté de la fonte Jazz…

Une partition affichée dans une fonte Jazz 

Jouée, et même accompagnée

Une partition numérique supportée par un format musical interne, peut tout d’abord être jouée par le lecteur numérique, à la vitesse voulue. C’est le minimum qu’on puisse lui demander, mais c’est déjà une révolution. Il va sans dire que le son de l’instrument peut être choisi parmi une large gamme de sons fournis par le synthétiseur logiciel, voire parmi des vrais sons échantillonnés. Non content de pouvoir jouer la partition, le reader peut même se faire accompagner d’un orchestre …

Tournée ou « défilée » 

Enfin les pages de la partition peuvent tourner sur signal si les partitions sont des partitions PDF scannées, ou automatiquement si le système sait reconnaître où le musicien en est de l’exécution de son morceau. L’avancement dans le morceau peut ne pas respecter le défilement par page. Il peut se faire en continu si le système le permet. Les barres de reprises, et autres codas ou D.S peuvent être prises en charge par le reader et permettent un retour en arrière sans intervention du musicien.

La tourne de page peut même être déclenchée depuis un poste « conducteur » du chef d’orchestre, lorsque celui-ci tourne sa page.

Annotée

C’est la moindre des choses, mais maintenant les annotations peuvent se faire au doigt : plus besoin de crayon ni de gomme. On peut utiliser du texte libre ou de la saisie à partir d’une palette d’annotations prédéfinies, auquel cas, on est proche du mode d’édition de la partition, surtout si les annotations peuvent être prises en considération au moment de sa lecture.

Zoomée

Lorsqu’il s’agit d’annoter une partition, surtout si c’est au doigt, le zoom est nécessaire, de surcroît sur des appareils de petite taille.

zoom

Partagée

La partition peut être envoyée vers les différents musiciens d’un orchestre ou d’un groupe, en permettant même une exécution simultanée à distance (voir concert via le web). C’est encore plus intéressant si ce sont les annotations du chef qui sont partagées par les différents musiciens, cela peut épargner un travail considérable de recopie dans les orchestres.

Promptée

Que ce soit à la vitesse du métronome, ou en temps réel si le système le permet, le musicien peut voir défiler sur la partition un curseur lui indiquant où il en est de l’ exécution de son morceau.

imgcurseur

Colorisée

Il peut y avoir de multiples utilisations du coloriage sur une partition.

Il peut servir à en faire apparaître les erreurs au cours de l’exécution, voire plus tard à tête reposée, afin d’identifier les passages à retravailler et ainsi, s’améliorer.

Mais on peut aussi grâce aux outils de recherche dans une partition structurée, en repérer les parties, mesures ou notes isolées à mettre en valeur : un motif particulier, les cadences, les accords parfaits, les ornements, des dissonances ou des résolutions…

Accédée en tout point

Rien de plus facile que de se déplacer à une page ou à une mesure donnée de la partition, à la demande du chef d’orchestre. Inutile de tourner vingt pages de suite….

Recherchée

Les partitions numériques au format structuré, lorsqu’elles sont regroupées dans des bases de données, peuvent être recherchées selon multiples critères. C’est encore plus facile lorsqu’elles sont représentées sous un format musical structuré en permettant la recherche dans les données (les notes), mais aussi dans les métadonnées (titre, auteur, …).

Analysée

Des formats structurés comme MusicXML permettent un grand nombre d’extractions et d’analyse grâce à la panoplie d’outils disponibles autour du XML. On peut donc extraire automatiquement d’une partition de ce type, non seulement des informations permettant de classer un morceau selon de nombreux critères (voir l’article Requêtes XQuery simples sur une partition MusicML), mais également d’en produire une analyse musicale fine. Ceci nécessite néanmoins des programmes d’analyse sophistiqués.

Transposée

Transposer un morceau pour pouvoir l’adapter aux possibilités d’une chanteuse, c’est un besoin souvent impérieux lorsque la tessiture de la chanteuse se trouve plus à l’aise un ton plus bas…. Avec un format interne musical, c’est une chose aisée.

Simplifiée

De nombreux traitements sont réalisables à partir d’une partition disposant d’un format musical interne, en particulier celui de l’isolement d’un instrument particulier dans une partition d’orchestre, voire dans le futur, la réduction complète d’une partition orchestrale vers une réduction pour piano.

Convertie

Avoir une partition numérique sous un format donné permet de la convertir vers d’autres formats : c’est l’avantage du numérique. Parmi les conversions les plus facilement accessibles, on peut citer MusicXML vers PDF, MusicXML vers MIDI. La conversion partition scannée en PDF vers MusicXML revient à la problématique de l’OMR (voir OMR – Music OCR), sauf dans le cas où le PDF lui-même est issu d’un logiciel d’édition ou de composition. Des logiciels existent à ce jour, mais avec des résultats qui sont loin d’être satisfaisants…

Imprimée

C’est bien là une drôle d’idée de vouloir re-matérialiser sa partition et lui faire perdre toutes les vertus dont on vient de parler. Mais naturellement c’est et cela sera toujours faisable…

Tant qu’à faire, … imprimez-la sur du papier ancien…

2 commentaires :

  1. bonjour,
    Pouvez vous me dire s’il existe un logiciel capable d’écrire une partition musicale à partir d’un son audio ?

    • Bonjour,

      Il existe au moins un produit de chez Sibelius : http://www.sibelius.com/products/audioscore/lite.html
      qui se targue de pouvoir réussir cet exploit, non seulement sur plusieurs instruments simultanés, mais jusqu’à 16 notes simultanées.

      Je ne l’ai pas essayé, mais le consensus actuel sur le sujet est que la reconnaissance monophonique (par exemple une flûte seule) est possible et peut donner des résultats acceptables, mais que la reconnaissance polyphonique est soit impossible, soit conduit à des partitions dont le résultat est trop éloigné de la réalité.

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